Le président des Patriotes Démocrates pour le Développement du Cameroun (PADDEC) et membre du Collectif des 20 partis politiques engagé en faveur de la candidature de Paul Biya nous a accordé un entretien pour clarifier son soutien à son adversaire idéologique pour l’élection présidentielle du 07 octobre 2018.
«Oui, j’ai confessé mon mea culpa et reconnu que je m’étais trompé sur le président Paul Biya et sur son bilan.»
Monsieur le président du PADDEC, depuis le 20 juillet 2018, vous avez annoncé votre soutien à la candidature de Paul Biya. Peut- on savoir comment est né ce collectif dont les formations politiques et les leaders avaient jusque-là une vision politique différente ?
Le collectif G20 est né de la volonté de certains leaders des partis politiques de coaliser leurs forces pour soutenir la candidature du président Paul Biya. Il faut savoir qu’à la veille d’une échéance électorale, les partis politiques se regroupent par affinités d’intérêts pour préparer les échéances. Autant les partis d’opposition se réunissent entre eux pour former cette coalition, autant les partis de la majorité électorale se réunissent à leur tour. Le G20 a pris une position intermédiaire au regard de la situation sécuritaire du pays attaqué au Nord par Boko Haram, au Sud- ouest et au Nord-ouest par les sécessionnistes ambazoniens sous fond de déstabilisation étrangère comme au Mali, en République Centrafricaine et en Libye de Mouammar Kadhafi. Nous nous sommes rendu compte que dans un climat de guerre civile, les élections risquaient de précipiter notre pays dans le chaos comme en Irak de Sadam Hussein ou en Libye ou encore en Syrie de Assad en guerre depuis sept ans. Nous nous sommes concertés et nous avons saisi la tutelle des partis politiques, c'est-à- dire le ministre de l’Administration territoriale, pour lui faire part de notre décision afin d’éviter que notre regroupement en temps de guerre, soit mal interprété comme une manœuvre pour nuire au gouvernement. A ce stade, la vision politique des partis importait peu de même que leur idéologie. Une seule chose nous a motivés, l’intégrité territoriale de notre pays et la paix.
LIRE AUSSI: Ambazonie: le juge de Wum kidnappé par les sécessionnistes
Nous avons tous constaté que ce qui nous liait était cette même volonté de sauver la paix et le Cameroun de la prédation des forces étrangères qui avaient déjà inféodé une partie importante de notre opposition depuis que la dénonciation du complot que certains leaders des partis d’opposition avaient concocté dans l’ambassade d’un pays ami à Yaoundé. Personnellement, j’étais au courant du projet d’assassinat du président de la République et de celui de profiter des élections pour déstabiliser le pays par la technique de «la masse critique», qui consiste à perdre les élections mais à proclamer qu’il y a eu des fraudes massives pour inciter les jeunes à descendre dans la rue pour protester, provoquer et obliger les forces de l’ordre à tirer dans la foule pour permettre à l’armée d’un pays ami à intervenir pour chasser le président Paul Biya, c’est aussi la technique du «chassement» ou de la révolution. Ils auraient dit : « Be ready to what is going to happen the next coming days !»
Que dites-vous à l’endroit de ceux qui sou- tiennent que c’est le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, qui est à l’origine de cette coalition appelée désormais G 20 ?
Le ministre Atanga Nji n’est pas l’initiateur du G20 mais étant ministre de l’Administration territoriale, nous l’avons prévenu pour que l’administration ne nous considère pas comme des fauteurs de trou- ble. Notre regroupement est pacifique. Nous nous sommes désolidarisés des autres lea- ders de l’opposition radicale et révolutionnaire qui veulent la guerre dans notre pays pour accéder au pouvoir dans le sang et la misère de notre peuple comme en Côte d’Ivoire dont certains leaders sont les amis de l’actuel président.
Aujourd’hui, votre engagement vous vaut une vive critique au sein de l’opinion publique. Etes-vous un homme incompris ou alors comment justifiez-vous votre volte- face lorsqu’on sait que vous étiez un opposant farouche au régime ?
Six cadres de mon parti ont démissionné pour rejoindre le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC). Nous le déplorons car ils n’ont pas compris notre idéologie du patriotisme qui est amour de la patrie et du service de la patrie. Pour le PAD- DEC, le Cameroun passe avant toute autre considération politique et toute adversité idéologique avec le parti au pouvoir. La vérité est plus cruelle et nos militants ont failli tomber dans le piège. Certains électeurs croient que la présidence ayant été au Nord avec le président Ahmadou Ahidjo et au Sud avec le président Paul Biya, ils croient dur comme fer que le pouvoir doit absolument aller à l’Ouest en pays Bamiléké cette fois-ci. Ils ont interprété notre choix de soutenir la candidature du président Paul Biya comme une haute trahison tribale. Ils m’accusent, à mots à peine couverts, d’avoir trahi le peuple Bamileke, mon peuple et de n’avoir pas sou- tenu la candidature du candidat du village, le Pr Kamto Maurice. C’est là toute l’explication de la cabale contre moi.
On peut ergoter sur la trahison du peuple, ou sur le vote tribal dont j’aurai été le bénéficiaire autrefois, mais la finalité consciente ou inconsciente est que j’ai trahi ma race en choisissant un candidat qui n’est pas du village. Les Bamiléké qui soutiennent le MRC ont envahi la toile avec des propos haineux depuis un certain temps et le climat de terreur qu’ils ont installé va desservir la cause Bamiléké. En effet, les Bamiléké disent qu’ils ont été marginalisés depuis l’indépendance, qu’ils sont le « caillou dans la chaussure » mais que paradoxalement ils sont les plus nombreux, les plus riches, les plus intelligents et donc qu’en toute logique, le pouvoir leur revient naturellement. Evidemment, une telle posture effraie les autres tribus qui se voient menacées surtout lorsque les Bamiléké pro- clament que s’ils prennent le pouvoir, ils ne le rendraient plus jamais, ils vont donc confisquer le pouvoir. En conséquence les autres peuples seront leurs esclaves et leur faire valoir puisqu’ils vont supprimer le système de l’équilibre régional.
De plus en plus, vous êtes résolument engagé à défendre le bilan de Paul Biya à la magistrature suprême. Dans ce cas, pouvez- vous nous dressez ce bilan, lorsqu’on sait qu’il y a quelques mois vous avez pour- fendu ce bilan dans un opus musical ?
Oui, j’ai confessé mon mea culpa et reconnu que je m’étais trompé sur le président Paul Biya et sur son bilan. Mais les informations qui me sont disponibles en ce moment montrent un grand patriote qui sert son pays dans le silence, avec abnégation et en protégeant ses ressources du sous-sol et du sol.
Et lorsqu’il a dit que le Cameroun n’est la chasse gardée de personne, on lui a rappelé les Accords du 31 décembre 1959 selon les- quels les richesses du sous-sol du Cameroun devaient être vendues en priorité à un pays ami et c’est lorsque ce pays n’en veut pas qu’il peut vendre ailleurs. Lorsque le président Biya a dit ce mot indépendantiste, on lui a tout de suite organisé une crise économique majeure et obligé à vendre toutes les sociétés d’Etat. On lui a fermé tous les robinets puisqu’il ne dispose pas de sa banque centrale et dépend du compte d’opérations en France comme les autres pays. Il a été contraint de vendre les sociétés d’Etat et d’aller au FMI. On peut dire que le président a viré de la droite vers la gauche et le résultat est que notre coopération avec ces pays et notamment avec la Chine est une coopération gagnant-gagnant, c’est ce qui fait dire au président Paul Biya répondant à un journaliste français que « Nous coopérons avec la Chine comme avec la France, mais la Chine n’enlève rien à personne ! » Ainsi, le président a signé avec la Chine le plus grand contrat gagnant- gagnant qu’un pays n’ait jamais signé dans le monde (50%), le contrat d’exploitation par la Chine de notre Bauxite de Mini Martap et de Fongo-Tongo a été signé pour autoriser la Chine à créer au Cameroun la plus grande usine de fabrication automobile d’ici à 2020. Ce qui va apporter beaucoup d’emplois à notre jeunesse. Les autoroutes Douala – Yaoundé, Kribi, Nsimalen et autres sont en construction. Le barrage de Memve’ele va apporter l’énergie électrique pour nos indus- tries, le port en eau profonde de Kribi a été construit par les Chinois, etc.
LIRE AUSSI: Mort du fils de l’ex-ministre Polycarpe Abah: ce qui s’est réellement passé
De plus en plus, des observateurs avertis se demandent ce que vous entendez apporter de plus à la candidature de Paul Biya, lorsqu’on sait que deux semaines après votre engagement dans ce collectif, quasi- ment tout votre bureau politique et des responsables locaux ont démissionné avec sacs et bagages ?
Six personnes seulement de notre directoire ont démissionné. Nous le regrettons. Si le conducteur du bus PADDEC va vers la terre promise et que six passagers sautent par la fenêtre pour tomber dans la brousse, quelle est la responsabilité du conducteur du bus PADDEC ? S’ils ne veulent pas entrer dans la terre promise, ce n’est pas de ma faute, je déplore le fait que je n’ai pas pu leur enseigner notre idéologie.
De mémoire d’homme avez-vous jamais assisté à une campagne présidentielle qui commence sur les chapeaux de roue comme celle-ci ? Qui occupe l’espace médiatique depuis bientôt un mois ? Le G20 n’est-ce pas?
Eh bien, nous lui apportons non seulement les voix de l’opposition radicale et la sincérité du scrutin et du soutien populaire à sa per- sonne, mais nous donnons un avertissement aux prédateurs embusqués qui utilisent certains candidats de l’opposition néocoloniale comme chevaux de Troie pour déstabiliser notre pays.
Dites-nous comment est organisé le G20 ? Qui le pilote ? Comment fonctionne-il ?
L’organisation du G20 est encore en train de se faire. Nous avons mis un peu d’argent ensemble pour aller en campagne. De la même manière nous avons cotisé de l’argent pour donner des conférences de presse à Yaoundé et à Douala. Nous allons également aller dans le grand Nord, à l’Est et à l’ouest pour porter notre message de paix et inviter les Camerounais à plébisciter le président Paul Biya afin de donner un message fort à ceux qui veulent déstabiliser notre pays pour lui voler ses nombreuses ressources minières et pétrolières.